Arisse
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LE PARCOURS DU MOIS

Le portrait de Sébastien après 10 ans en IME à l'ARISSE

Sébastien, âgé de 21 ans, a été accueilli à l’IME Arpège d’Ivry sur Seine (ARISSE) en 2020 après avoir passé près de 10 ans à l’IME Arc en ciel de Thiais (ARISSE).

Pendant des années sa maman s’est investie dans le CVS d’Arc en Ciel et y a vu des échanges de plus en plus nombreux s’y nouer, se créer.

Elle témoigne qu’« en tant que familles on a tous des attentes très différentes. Je crois que tout dépend aussi de la façon dont les familles vivent et acceptent le handicap de leur enfant. Le point commun entre tous à Arc en ciel, en tant que parents, était notre inquiétude du devenir de nos enfants. Puis le passage par l’IME Arpège a fait un bien immense à mon fils, car parfaitement adapté, avec seulement 12 jeunes. La proximité des familles avec l’équipe est permanente et rassurante. L’équipe est à l’écoute, présente, investie. Mon fils s’est épanouit, il manifestait son envie d’y aller, il s’y est même fait des copains, il y faisait plein de choses et des activités nombreuses, toutes tournées vers l’autonomisation. Le lieu ressemble vraiment à l’image que je me fais d’un « habitat inclusif partagé » auquel il ne manquerait que la partie nuit. Les jeunes font tous ensemble : ils participent, cuisinent, jardinent, dessinent .... » 

Depuis mars 2021 Sébastien est désormais accueilli en MAS à Chatillon, en externat  dans une petite équipe de 8 jeunes adultes.

Le changement a été difficile pour lui car il a eu beaucoup de mal à quitter l’IME Arpège où il s’était fait des amis.

En MAS les activités sont plus répétitives, moins créatives, le rythme est plus difficile avec moins de vacances, et l’affectif est moins présent. Sébastien a un emploi du temps bien organisé : il fait l’accueil des externes le matin en répartissant les emplois du temps de chacun, l’activité du matin avant le déjeuner. Puis l’activité de l’après-midi avec quelques temps de pause où il retrouve ses jouets et affaires de bricolage, qu’il ramène de la maison en nombre et qu’il laisse dans sa boite en arrivant à la MAS.

Les activités se répartissent entre la médiathèque, la musique, le dessin, les lectures de contes, le DOJO avec le sport et la gym douce, la balnéo de la MAS, la tablette. Il fait parfois les courses.

 Chez lui, il parle encore bien souvent des activités de l’IME Arpège et de ses amis(ies) qu’il y a laissés. Comme l’indique sa mère « nous avons conservé le terme « d’atelier » pour rythmer les activités et tâches. Ateliers pâtisseries, rugby atelier, et cinéma le WE. Et Ateliers de la MAS en semaine. 

 Il est très heureux de pouvoir rentrer tous les jours à la maison pour retrouver sa famille et son environnement personnel. Il participe à sa façon à la vie de la maisonnée : fais les courses ; met et débarrasse la table, tout comme à l’IME Arpège et range sa chambre. Sébastien a pris doucement le rythme adulte et réclame maintenant des vacances. »

Portrait d'Anaïs Thorel, championne de tennis adapté

Anaïs Thorel a été accueillie et accompagnée à l'IME Alphée pendant plusieurs années.
En 2019, classée cinquième mondiale en tennis adapté, elle montre que l’autisme n’est pas un frein à la performance.
C’est son père, Patrick Thorel, ancien joueur de 2e série qui parle le mieux d’Anaïs, atteinte d’autisme et qui présente «des difficultés cognitives et de communication. Seulement, elle a un grand sourire, du talent et de l’élégance sur le court.»

À 22 ans, la jeune femme s’est révélée grâce au tennis adaptéet au Tennis club d’Ymare, une structure de référence. "Elle a commencé à jouer avec moi à 5 ans. Elle ne savait faire qu’un revers à deux mains. Ce fut une révélation sur le tard, car on ne savait pas que cela existait. Anaïs a participé à sa première compétition à 16 ans. C’était lors de l’Open de Rouen, qu’elle a remporté. La référence européenne de l’inclusion.»

Et que de choses se sont passées depuis ! La joueuse a gagné les championnats de France en 2014, en D2 ; en 2017 et 2018 en D1 ; l’Open de Rouen en 2016, 2017 et 2018 ; une médaille de bronze aux Jeux européens de tennis adapté, à Paris, et une cinquième place aux Mondiaux, à Montrouge en 2018.
Pour son père, sa réussite au tennis va bien au-delà des résultats, «car les autistes sont très bons. Ce sont des personnes qui apportent du bonheur autour d’elles. Elles doivent avoir leur place dans la société. En parallèle du tennis, Anaïs est à mi-temps dans un centre d’accueil de jour et, à la rentrée, va préparer un diplôme d’éducatrice de tennis. Le sport, c’est son épanouissement et son autonomie. Elle participe à la promotion du tennis adapté, à la Journée de la femme, est ambassadrice de SOS Autisme et, dans ce cadre, elle sera présente deux fois aux prochains Internationaux de France à Roland-Garros pour jouer avec Henri Leconte.»  Un bon revers aux préjugés.... !  Source : Paris Normandie, 2019

En savoir plus : CLIQUER

Ibrahim et la création de jeux vidéos

En septembre 2020, les éducateurs de l’IME Amalthée ont proposé un atelier informatique à Ibrahim, qui avait le souhait de créer un jeu vidéo.
Ibrahim est fasciné par les fusées, les avions, les voitures et les villes. Il souhaite concevoir un jeu en 3D proche d’un simulateur de vol ou d’un jeu de construction dans l’esprit de « Sim City » qu’il adore. Il a déjà quelques bases, grâce à son grand frère qui joue beaucoup aux jeux vidéo et lui a montré quelques astuces.

Mais Ibrahim a de l’ambition !
Il s’est tourné vers des logiciels de jeu vidéo et d’animation en 3D (Bender, Unity..) assez complexes dans leur conception. Ils présentent l’avantage d’être gratuits et de bonne qualité. Ils sont utilisés par des professionnels pour des conceptions 3D industrielles, créatives ou encore dans le domaine de l’audiovisuel (films animés, jeux vidéo…).

Ces logiciels sont difficiles à maîtriser. Pourtant Ibrahim ne s’est pas laissé décourager et s’est accroché. Guidé par son éducatrice, il a lu et regardé des tutoriels souvent complexes, parfois en anglais, utilisant les sous-titres automatiques et la fonction ralentissement de lecture pour pouvoir les suivre.
Au fil des semaines, puis des mois, il a commencé à fabriquer son propre jeu.

Or la conception d’un jeu vidéo peut prendre des années, avec des équipes conséquentes, Il est arrivé que l’atelier n’ait pas lieu : Ibrahim a mis à profit ce temps pour visualiser de nouveaux tutoriels et trouver les solutions aux difficultés rencontrées au préalable.

Au-delà de la joie et de la fierté qu’il ressent très certainement – la fierté étant un sentiment difficile pour Ibrahim à concevoir et à exprimer – il a appris également à mieux gérer ses
émotions et notamment la frustration. En effet, dans tout apprentissage il y a une notion de mise en échec qui est difficile à éprouver et à canaliser chez les personnes porteuses de traits
autistiques.
Chez Ibrahim cela donnait lieu à des crises de larmes, et au fil du temps, il a appris à mieux gérer ses émotions et à retenir ses crises face aux problèmes rencontrés : dysfonctionnements, mauvaises manipulations ….).
Cet atelier création de jeu vidéo apporte beaucoup à Ibrahim. En plus de son travail de création, il joue beaucoup, sur Sim City notamment, ce qui lui permet d’évacuer les tensions
accumulées. Mais aussi le confronte à d’autres difficultés : gestion d’un budget, étapes de construction, notifications nombreuses...
Il arrive malgré tout à rester concentré sur son but et sur sa tâche.

Le jeu vidéo peut être un formidable outil, non seulement éducatif, mais aussi thérapeutique, et Ibrahim en est la preuve.
Merci à Sophie SCHWEITZER pour son témoignage. Elle travaille en tant qu’opératrice de prise de vue, monteuse, étalonneuse à l'IME Amalthée.

Shuto et l’art-thérapie

Alors qu’il était âgé de 3 ans et qu’il peinait à communiquer avec la parole, on a diagnostiqué chez Shuto un trouble du développement proche de l’autisme.

De son entrée à l’école primaire, et jusqu’à l’âge de 10 ans, il était incapable d’écrire correctement en tenant un stylo dans sa main. Ses parents ont essayé d’y remédier en lui faisant utiliser des stylos épais, plus faciles à tenir, ou bien en fixant son stylo à l’aide d’une pince à linge. Mais Shuto ne manifestait pas une grande motivation, et les moments pendant lesquels il manipulait un stylo étaient de plus en plus rares. Durant ses 4 premières années de scolarité, c’est le même stylo qui est resté dans sa trousse.
Réfléchissant à une méthode susceptible de l’aider, ses parents, d'origine japonaise, lui ont proposé alors un apprentissage utilisant les ekaki uta, ou "chansons pour dessiner", après avoir formé son professeur de musique à ces techniques ancestrales.
Enthousiasmé par ces chansons, Shuto s’est alors mis à griffonner partout : c’est ainsi qu’il a commencé de manière enthousiaste à dessiner tout en chantant, et ses peintures imprégnées de la joie qu’il ressentait se sont progressivement muées en œuvres colorées et dessinées, combinant une écriture unique faite de hiragana, de katakana, de lettres d’alphabet, de kanji ..etc…
Depuis tout jeune, l’énergie avec laquelle il tient le stylo est difficile à imaginer.
L’art-thérapie entamée en 2016 lui permet aujourd’hui de se confronter à de nouvelles formes d’expression.
Lui qui a du mal à s’exprimer avec des mots, propose sa vision propre du monde libre à travers ses peintures, par lesquelles il communique et durant tout le processus de création.
"Ces moments de création sont pour lui des moments de bonheur" témoignent ses parents.

Shuto a été accueilli à l'IME ALPHEE de Guyancourt pendant des années. Et comme l’indique son père « ce fut une très grande chance pour lui ». Il a rejoint l’IME en 2013 et en externat.

En 2019, sur proposition de l’établissement, il a rejoint l’internat. Ses parents étaient très inquiets à la perspective de ce changement. Finalement, l’entrée en internat fut particulièrement bénéfique pour lui.
Il y a appris, petit à petit, à s’organiser au quotidien, à ranger ses affaires, à vivre avec d’autres et à participer aux tâches de chaque jour. C’est à Alphée qu’il a appris à prendre sa place dans le collectif et dans un groupe.
Le père de Shuto tient à remercier ses éducateurs qui, grâce à leur grande patience et immense bienveillance, lui ont permis d’aller vers plus d’autonomie.

Grâce à leur travail et leur tendresse envers lui, il a grandi. Pour lui, ce sont eux qui ont décelé chez Shuto des capacités de création et des possibilités insoupçonnées.
Aujourd’hui Shuto a 22 ans. Il est installé en Foyer d'Accueil Médicalisé, il s’est bien adapté à cette nouvelle vie.

Il continue l’escalade avec Jérôme, moniteur éducateur à Alphée, tous les samedis. Il participe d’ailleurs au championnat du monde en Sports Adaptés en janvier 2022. Il a été médaillé d’or de cette discipline en janvier 2020.

 Il continue également de dessiner et de pratiquer la musicothérapie (au piano) toutes les semaines.

https://shutotodoroki.com/


De l'IME à l'entreprise

H.S est née le 12 août 1999, elle est entrée à l’IME en septembre 2007. Ses parents sont maliens.

Elle a fréquenté la petite, la moyenne et la grande section de maternelle (deux années). Depuis la 1ère grande section il y a eu un suivi RASED. Elle est entrée en classe de CP avec un soutien en classe d'adaptation. Très tôt il a été demandé aux parents de consulter pour une grande agitation, peu d'acquisitions et de socialisation.

A son arrivée à l'IME de Thiais, elle rentre rapidement dans les propositions mais avec des difficultés dans les apprentissages. Les ateliers dans lesquels H.S a pu s’inscrire lui ont permis de développer des talents dans la cuisine et des ateliers artistiques.

L’équipe pluridisciplinaire de l'IME de Thiais s’interroge sur ce  qui l'empêche d'apprendre.

H.S. présente un retard de développement cognitif et psychoaffectif. L’admission en IME parait indispensable afin que H.S  soit stimulée et bénéficie d’un environnement correspondant à ses besoins en soin et rééducation.

Elle reste très créative et très habile dans les activités artistiques et manuelles. Elle a beaucoup d’imagination et se plait à offrir ses réalisations aux membres de l’équipe.

Cette jeune fille, bien soutenue et solidement accompagnée, est capable en relation individuelle, de réflexion et de questionnement pertinent. Elle doit pouvoir faire un bon parcours en IMPRO.

Elle est admise à l’IMPRO SEGUIN en  2013, où elle fera un parcours de pré-apprentissage dans le métier de la restauration. Elle fera des stages dans le secteur protégé en ESAT et souhaite également entreprendre des stages dans le secteur privé. Au vu de ses stages, la jeune fille âgée de 19 ans est prête à quitter l’IMPRO afin de signer un CDI dans une chaîne de cafétéria en libre-service située dans le Val-de-Marne, où elle sera embauchée en tant qu’équipière, aide-cuisinière.

H.S revient régulièrement à l’IME de Thiais, lieu où elle retrouve ses repères avec l’équipe qui a soutenu avec la famille son projet de vie. Nous lui souhaitons encore de progresser et de s’épanouir à travers son travail et de construire une vie sociale.